Sur la traduction
Collecte d’opinions sur la non-trahison
Il n’est pas nécessaire d’entendre une langue pour la traduire, puisque l’on ne traduit que pour des gens qui ne l’entendent point.
Ecrire, c’est traduire en mots des pensées, des faits, des sentiments, des sensations, le corps, la chair, le silence. La vie est la langue étrangère de l’écrivain.
Je ne suis qu’un exécutant, je me borne à traduire. Mais on ne traduit que son trouble: c’est toujours de soi-même qu’on parle.
Traduire le théâtre, c’est d’abord et avant tout savoir lire le théâtre, porter son regard sur un texte et s’en abreuver, se couler dans une matière linguistique et s’y fondre.
Les traductions élargissent l’horizon de l’homme et, en même temps, le monde. Elles t’aident à comprendre les peuples lointains.
À proprement parler, il n’existe pas de texte original ; tout mythe est, par nature, une traduction, il a son origine dans un autre mythe provenant d’une population voisine.
Lire, pour le vrai lecteur, ne serait-ce pas traduire une langue autre en la sienne?
Traduire, c’est avoir l’honnêteté de s’en tenir à une imperfection allusive.
Traduire, c’est produire avec des moyens différents des effets analogues.
La littérature sécrète de la civilisation, la poésie sécrète de l’idéal. C’est pourquoi la littérature est un besoin des sociétés. C’est pourquoi la poésie est une avidité de l’âme. […] Il faut traduire, commenter, publier, imprimer, réimprimer, clicher, stéréotyper, distribuer, crier, expliquer, réciter, répandre, donner à tous, donner à bon marché, donner au prix de revient, donner pour rien, tous les poètes, tous les philosophes, tous les penseurs, tous les producteurs de grandeur d’âme.